Madame la Conseillère fédérale,
Mesdames et Messieurs,
Je remercie Mme la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga de m’offrir la possibilité, en tant que chef du Département de l’économie du canton de Vaud, de vous faire part de la position de mon canton au sujet de l’initiative intitulée « Six semaines de vacances pour tous ». Un point de vue cantonal sur cet objet de votation m’apparaît très important, et je vais m’attacher à vous démontrer pour quelles raisons.
Qu’une chose soit bien claire d’emblée: je rejette cette initiative, et cela par conviction personnelle, mais aussi et en particulier du fait de ma fonction de responsable cantonal de l’économie.
Cette responsabilité me met en prise directe avec le marché du travail notamment et avec les besoins réels des travailleuses et des travailleurs.
Ce qui me dérange particulièrement dans cette initiative est le fait qu’elle réclame une augmentation automatique de la durée des vacances, ce qui m’apparaît une démarche hautement passéiste et, pour tout dire, anachronique.
Au cours de ces dernières années, les employeurs ont fait beaucoup pour assouplir le temps de travail, avec pour conséquence positive que les employés disposent aujourd’hui de la possibilité d’aménager leurs horaires de façon beaucoup plus flexible que par le passé. C’est un avantage indéniable lorsqu’on a de la famille et qu’il faut, par exemple, emmener les enfants à l’école. Des modèles de temps de travail plus flexibles ou bien la possibilité de travailler davantage à temps partiel correspondent mieux aux besoins du marché du travail que l’octroi pur et simple de vacances supplémentaires.
L’initiative des syndicats part d’une image tronquée et dépassée du salarié moyen, celle consistant à le voir écrasé chaque jour par le travail. Dans ces conditions, une augmentation de la durée des vacances pourrait être envisageable. Cela étant, je ne perçois pas le salarié comme un forçat, mais bien comme une personne motivée, autonome, consciencieuse, et qui se fixe des objectifs.
En Suisse, le monde du travail se compose de gens aptes à faire des choix éclairés, disposant d’une excellente formation de base acquise dans d’excellentes écoles, des gens qui choisissent une profession librement et qui, dans la foulée, achèvent un apprentissage qui leur ouvrira les portes nationales et internationales du marché du travail.
Chez nous, ce marché est attractif et multiple, et les opportunités qu’il offre sont nombreuses. Une vaste palette de formations continues contribue à augmenter les compétences et, partant, la compétitivité des uns et des autres. L’Etat s’est engagé et il a investi des moyens pour qu’il en soit ainsi, et c’est une bonne chose.
L’initiative « Six semaines de vacances pour tous » coûtera cher également aux employeurs. Une augmentation de deux pour-cent des coûts salariaux, ainsi que Mme la Conseillère fédérale vient de le mentionner, entraînera pour les cantons et les communes des charges supplémentaires à hauteur d’environ 1 milliard de francs. C’est un montant considérable pour ne servir qu’à financer une augmentation de la durée des vacances.
Je suis d’avis que cet argent, ou ne serait-ce qu’une partie de cet argent, pourrait être mieux utilisé, par exemple au service de la formation continue et, partant, des effets positifs que celle-ci exerce sur l’économie de notre pays.
De plus, je suis convaincu que les conditions sociales qui prévalent dans le canton de Vaud et ailleurs en Suisse sont bonnes. Nous en sommes fiers et nous devons les défendre.
En tant que conseiller d’Etat chargé de l’économie, je sais également que l’un des grands atouts de la place économique suisse est la flexibilité du marché du travail. En revanche, les projets politiques, tels que l’initiative dont nous parlons et qui aimerait limiter cette flexibilité par une réglementation drastique, doivent être rejetés pour des questions de principe.
La Suisse doit soigner sa compétitivité. A la flexibilité du marché du travail s’ajoute la paix sociale, qui s’appuie sur un partenariat social de bon aloi. Cet équilibre ne doit pas être malmené par l’introduction d’exigences inutiles, telles que celles que risque d’introduire l’initiative sur les vacances; c’est la raison pour laquelle il convient résolument de la rejeter.
Dernière modification 17.01.2012